" Ma thèse en 3500 signes "

Valorisation innovante de déchets végétaux en ingrédients alimentaires et cosmétiques

Des scientifiques de l’unité SayFood innovent pour recycler les « déchets » végétaux de l’industrie agroalimentaire. Ils souhaitent en finir avec la notion de déchet, pour ne parler dans le futur que de coproduits. Leur stratégie ? Valoriser ces matières végétales en proposant des ingrédients alimentaires ou cosmétiques aux propriétés innovantes.

 

Illustration _ MT 3500 _ Cyprien Bouju
© APTI, Cyprien Bouju

Mots clés : Upcycling, biodéchets, stabilisants naturels, émulsions, mousses

La richesse des coproduits végétaux

Quand on parle de « coproduits végétaux », on désigne l’ensemble des parties non utilisées du végétal lors de son exploitation. Ces matières sont souvent jetées ou brûlées, alors qu’on souhaiterait pouvoir les valoriser. Elles représentent en effet une perte d’environ 1/3 de la matière totale... Un vrai gaspillage ! A SayFood, une équipe de scientifiques s’intéresse à valoriser cette biomasse végétale sous forme séchée et micronisée. La micronisation permet de réduire la matière en particules de petite taille de l’ordre de quelques micromètres. Cette opération réalisée par des partenaires est douce : aucune extraction ou transformation chimique ne sont mises en œuvre. L’ensemble des composants initialement présents dans ces résidus végétaux se retrouve ainsi intégralement dans ces « farines de coproduits » : protéines, fibres, lipides, composés phénoliques, tensioactifs naturels... On parle alors de coproduits « non crackés ». Cette approche permet d’envisager de valoriser la biomasse dans son intégralité en proposant des ingrédients aux propriétés multiples, tout en évitant les procédés énergivores et polluants !

Une approche innovante de la formulation…

Les scientifiques de l’unité SayFood se sont intéressés aux propriétés stabilisantes des co-produits végétaux qu’ils ont sélectionnés, comme le marc de pomme ou les pépins de raisin. Pour mieux exploiter leur potentiel, ils ont adopté une démarche de formulation innovante basée sur la mise en place de plans d’expérience. Ceux-ci ont été pensés de manière à optimiser l’exploration des produits intégrant ces nouveaux ingrédients, et leur stabilité : mousses, émulsions, crèmes. Menées à différentes échelles – de la particule au produit final – les analyses permettent d’établir des liens entre les ingrédients et les propriétés des produits qu’elles stabilisent. Cette approche favorise une exploration complète du champ des possible d’un point de vue statistique... rien n’est laissé au hasard !

... Pour stabiliser une grande diversité de systèmes

Les premiers résultats montrent que les coproduits non crackés peuvent former une grande diversité d’architectures dans les émulsions, mousses, etc... La variation de la taille des particules combinée à la complexité des composants, engendre des textures et des apparences variées. Les scientifiques espèrent identifier une large gamme de produits dans lesquels intégrer ces coproduits végétaux.

Ils sont déjà parvenus à stabiliser des émulsions directes et inverses, à savoir huile-dans-eau et eau-dans-huile, ainsi que différents types de mousses. D’autres types de systèmes dispersés sont à l’étude.

Vers un outil prédictif pour des formulations durables

Les recherches se poursuivent en vue de développer un outil prédictif permettant de prévoir le comportement d’une formulation selon les caractéristiques des poudres utilisées. Il associerait ainsi directement la matière végétale à son utilisation dans des produits alimentaires ou cosmétiques de type émulsions, crèmes ou encore mousses.

Les résultats de différents tests, réalisés avec divers co-produits végétaux et associés à des modèles statistiques, permettront de prédire ce qu’il se passera à différentes échelles vis-à-vis des structures et propriétés des systèmes dispersés.

Cet outil devrait constituer une aide précieuse pour les industriels dans la conception de produits plus naturels, durables et innovants dans les domaines alimentaire, cosmétique ou nutraceutique.

 

Voir aussi

MT 3500  _ Portrait Cyprien Bouju

Cyprien Bouju est rédacteur de cette actualité web. Les recherches qu’il présente sont réalisées dans le cadre de sa thèse de doctorat à l’unité SayFood. Elle s’intitule : « Stabilisation de mousses et émulsions par des ingrédients non fractionnés – ingénierie axée sur l’hétérogénéité »

 

 

MT 3500

« Ma thèse en 3 500 signes » est une action destinée aux doctorant.es préparant leur thèse au sein de l’unité mixte de recherche SayFood, INRAE / AgroParisTech « Paris-Saclay Food and bioproduct Engineering ». Elle vise à développer les capacités des jeunes chercheurs et chercheuses à communiquer vers le grand public et s'intègre dans la formation par la recherche des doctorant.es. Ils/elles sont accompagné.es dans la rédaction d’une actualité web présentant leurs travaux de recherche en 3 500 signes (environ). Destinée au grand public, l’actualité est ensuite publiée sur le site web de l‘unité, avec le nom des jeunes chercheurs et chercheuses qui apparaissent comme rédacteur ou rédactrice.